Travailleurs de l’ombre, les contrôleurs aériens sont pourtant indispensables à la sécurité et à la fluidité des transports aériens. Pour ceux qui en doutent encore, qu’ils réfléchissent seulement au « bazar » généralisé que provoque dans les aéroports la moindre grève de ces mêmes contrôleurs...
Que font-ils / Que font-elles ?
Le contrôleur a pour mission d’aider le pilote à trouver la meilleure route possible pour son vol, et ce en fonction de différents critères que sont la météorologie, l’intensité du trafic, les caractéristiques techniques de l’avion, l’impatience du pilote... Pour cela, il communique par radio avec le pilote : en français quand il s’agit d’un pilote francophone et en anglais pour tous les autres. Il doit savoir anticiper sur les conflits potentiels (deux avions se dirigeant l’un vers l’autre, par exemple) pour les résoudre (dans ce cas précis, faire prendre de l’altitude à l’un et faire perdre de l’altitude à l’autre). Il gère également le trafic au-dessus des aéroports, et, par conséquent l’attente de chacun des avions qui patientent en l’air avant d’atterrir.
Les contrôleurs travaillent toujours en binôme : le premier reçoit les strips, c’est à dire ces petites bandes de papier qui résument le nom et les caractéristiques d’un vol avant qu’ils n’arrivent dans la zone de contrôle ; le second est en contact avec les pilotes auxquels ils donnent ses instructions. Ainsi, le premier anticipe les vols qui arrivent dans la zone de contrôle du second.
Dans les tours de contrôles, les contrôleurs voient atterrir et décoller les avions dont ils ont la charge, tandis que dans les centres de contrôle en route, ils travaillent dans des salles peu éclairées, et les avions ne représentent pour eux que des petits traits sur les écrans radars.
Les qualités indispensables
Une bonne capacité de concentration est exigée, cela va de soi ! Mais il faut aussi, comme dans beaucoup d’autres métiers de l’aéronautique, de la rigueur et le sens des responsabilités, ainsi que la capacité à prendre rapidement des décisions. Une très bonne résistance nerveuse s’avère nécessaire : la panique n’a pas sa place dans ce type de métier et, en cas de problème dans le ciel, la voix du contrôleur est le seul lien qui rattache le pilote au sol. Dans ces conditions, pas question de céder à la panique et de communiquer son stress au pilote. Ton neutre et calme de rigueur.
Parole de pro
Lise-Hélène Ginguene, contrôleur à Athis-Mons (centre en route)
« Nous travaillons par équipe de deux contrôleurs, explique-t-elle : nous sommes tour à tour organiste et radariste. L’organiste est là pour anticiper les croisements des avions et préparer le travail du radariste, qui, lui, dialogue avec les pilotes des avions pour leur transmettre ses instructions ». A noter : dans 70 % des cas, la langue d’échange avec les pilotes est l’anglais, ce qui veut dire qu’il faut parfaitement maîtriser la langue de Shakespeare pour faire ce métier. D’autre part, un bon contrôleur « doit être rapide, humble et très souple, pour pouvoir s’adapter à toutes les situations et savoir se rendre compte de ses erreurs à temps. Il doit être attentif, concentré, et savoir anticiper et prendre des initiatives ». Une certaine capacité au stress paraît nécessaire : « C’est un métier stressant, il ne faut pas le nier, car la moindre faute peut avoir des conséquences. Il faut donc savoir se maîtriser, pour ne pas communiquer son inquiétude au pilote ».
Mais pour Lise-Hélène, le plus difficile à gérer ce sont les contraintes horaires : « A partir de 30 ans, on récupère moins bien qu’avant, et les journées ou les nuits de travail sont vraiment fatigantes ».
Néanmoins, Lise-Hélène aime son métier : « Je trouve que le travail en équipe est passionnant. Et puis, j’aime le travail bien fait : quand on a fait une bonne séquence, que l’on a réussi à bien aligner tous les avions les un derrière les autres et en toute sécurité, c’est très satisfaisant. J’aime le fait d’avoir à assumer de lourdes responsabilités : c’est très valorisant. »